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Vasilis Fougiaxis : la bonne « clef »

Dernière mise à jour : 25 mai 2022

Que faire quand le corps s’attaque lui-même comme dans le cas d’une maladie auto-immune? Le doctorant Vasilis Fougiaxis et son équipe fabriquent des composés qui régulent les enzymes impliquées dans ces maladies. À l'Institut Pasteur de Lille, ils cherchent le composé le plus efficace et sélectif.


Interview et article : Adèle Hospital et Clémentine Laurens

Vidéo : Maud Cadoret, Évrard-Ouicem Eljaouhari,


« L’union fait la force. » Ce n’est pas une nouveauté : cet adage est particulièrement valable dans le secteur de la recherche. Et les initiateurs du programme Capstone en ont bien conscience.

Combiner les compétences et varier les angles d’étude pour cerner tous les aspects et les enjeux d’un sujet, c’est précisément ce qu’entend faire cette plateforme multidisciplinaire de recherche. Capstone, ce sont quinze doctorants qui cherchent à développer de nouveaux traitements pour lutter contre les cancers et les maladies auto-immunes. Ils sont d’origine grecque, chinoise, espagnole, italienne… Et chacun étudie un aspect de ce sujet, avec pour objectif commun de comprendre le fonctionnement de protéines particulières, impliquées dans ces affections.

Les jeunes chercheurs disposent des trois années de leurs doctorats pour mener à bien leur part du projet. Les recherches s’articulent autour de trois axes : une équipe se concentre sur les fonctions de ces protéines, une autre sur leur implication dans l’apparition des maladies étudiées, et une troisième sur les mécanismes qui permettraient d’agir sur ces protéines afin de lutter contre les affections.

Vasilis Fougiaxis fait partie des doctorants du programme. Originaire de Grèce, il a étudié la chimie thérapeutique à l’Université de Copenhague (Danemark) avant de rejoindre le projet Capstone. Face caméra, en compagnie du post-doctorant Rodolphe Vatinel, son référent dans le cadre du programme, Vasilis nous explique les détails de son travail de recherche 👇




Vasilis Fougiaxis travaille donc sur les enzymes impliquées dans les maladies auto-immunes. Dans le cas d’une maladie auto-immune, le corps s’attaque lui-même. Certaines enzymes (les protéines qui font tout dans la cellule) sont plus actives que la normale et détruisent les cellules saines du corps humain. Une enzyme a toujours un bouton « allumer » et un bouton

« éteindre ». Ces boutons sont comme des serrures et certains composés viennent s’insérer dans la serrure comme une clé. Ces composés sont appelés inhibiteurs quand ils

« éteignent » l’enzyme et activateurs quand ils l’ « allument ».


Efficace et sélectif


Le travail de Vasilis Fougiaxis est de trouver des composés inhibiteurs des enzymes impliquées dans les maladies auto-immunes. Lui et son équipe fabriquent tout d’abord différents composés. Ils les confient ensuite aux chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille qui vont tester leur efficacité et leur sélectivité. Les scientifiques cherchent des composés qui correspondent parfaitement à leur « serrure » — le site d’inhibition de l’enzyme — et seulement à leur serrure. Pourquoi c’est important ? Beaucoup de « serrures » se ressemblent et souvent un même composé correspond à plusieurs d’entre elles. Un seul composé peut alors activer ou inhiber beaucoup d’enzymes qui vont provoquer des phénomènes que l’on avait pas prévu. C’est ce qui s’appelle les effets secondaires.


Comment les chimistes de l’Institut Pasteur de Lille testent-ils l’efficacité et la sélectivité des composés ? Ils les mettent en présence d’une enzyme dont le rôle est de couper une molécule qui donne de la fluorescence. Si l’inhibiteur est puissant et sélectif, il va « éteindre » l’enzyme qui ne coupera pas la molécule et il n’y aura donc pas de fluorescence. En mesurant la fluorescence, les chercheurs peuvent savoir si le composé est puissant.


Un régulateur


Vasilis Fougiaxis et son équipe ne cherchent pas à inhiber totalement les enzymes mais plutôt à réguler leur activité. A la manière d’un variateur de lumière, les chercheurs veulent diminuer l’activité des enzymes impliquées dans les maladies auto-immunes pour la ramener à un niveau normal. Ces enzymes doivent continuer à remplir leur mission sans s’attaquer aux cellules saines du corps.



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